Technique : Grotesques et arabesques

Grotesques et arabesques

De l’italien Grottesca, ce décor peint, toujours de forme rectangulaire, comprend des motifs d’ornementation reproduisant des sujets étranges, des entrelacements de feuillages dans lesquels apparaissent des figures extraordinaires, des personnages mythologiques ou des animaux hybrides. Elles seront utilisées sans interruption du XVI° au XIX° siècle.

On rattache son origine et l’étymologie du mot à la découverte dans la campagne de Rome à la fin du XV° siècle, de décors peints sur les murs de villas romaines retrouvées ensevelies (donc semblables à des grottes). Les ruines de l’antique palais de Néron, la Domus aurea (« Maison dorée ») en sont un parfait exemple. Dans le XVI° siècle naissant, arabesques et grotesques désignent alors les mêmes formes d’enchaînements décoratifs dont les célèbres Loges du Vatican de Raphaël en sont l’application la plus aboutie. Ces fresques inspirent alors les ornemanistes italiens et néerlandais, lesquels contribuent à leur succès permanent par la diffusion abondante de leurs gravures.

De mode en mode, un genre nouveau se dessine, intégrant les rinceaux, l’acanthe et les entrelacs. Au XVII° siècle l’ornemaniste Berain réinterprète l’arabesque sous forme d’un réseau dense ou allégé d’enroulements, véritable jeu de bandes. A l’intérieur de ce cadre en décors d’arabesques, des scènes s’organisent dégageant une figure centrale plus importante. C’est avec Antoine Watteau au XVIII° siècle que la scène centrale va devenir primordiale. Les grotesques alors s’allègent, se tournent vers plus de poésie, de moquerie et de scènes galantes. On verra d’ailleurs apparaître pendant ce siècle les Singeries, dont les plus connues sont celles de Christophe Huet, qui s’inspirent du même principe mais mettent en scène des animaux – souvent des singes – humanisés. L’entourage arabesque est alors détaché d’une quelconque relation stylistique avec la scène centrale. La rocaille et le rococo prennent toute leur mesure.

Aujourd’hui un décor de grotesque peut aussi apporter de la poésie et un charme certain à toutes sortes de meubles et objets, et peut parfaitement s’imaginer dans un intérieur contemporain, en venant casser un peu les codes. Ses motifs sont déclinables et utilisables à l’envie.

 

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